Préparez-vous, l'hiver pourrait être très rigoureux!
Quand l’hiver frappe à nos portes, quelles sont les stratégies à favoriser pour adapter notre routine afin de maintenir le rythme de croissance dans vos troupeaux ? Quelles mesures prendre pour optimiser le confort des animaux et de minimiser les chances d’attraper des maladies?
Il faut savoir que les jeunes veaux sont les animaux les plus vulnérables, particulière ceux qui naissent durant les mois d’hiver. La zone de thermoneutralité (température confortable) pour un veau se situe entre 10 et 20 °C. En plus de la température, il faut tenir compte du vent et de l’humidité puisque ces facteurs influencent la température que le veau ressent et donc sa capacité à demeurer dans sa zone de thermoneutralité. Un veau mouillé ou qui grelotte perd beaucoup d’énergie pour maintenir sa température corporelle, ce qui affaiblit son système immunitaire et retarde sa croissance.
Il faut d’abord savoir qu’un veau nait avec 3% de dépôt de gras comparativement à un bébé qui nait avec 16% de « gras de bébé ». De ce 3%, il y a 1.5% qui peut être métabolisés rapidement. Que ce soit en production bovine ou laitière, cette réserve demeure importante justement à cause de sa facilité à être mobilisée. Idéalement, le veau dont la naissance se passe sans problème, sera séché rapidement par sa mère et aura accès à du gras colostral dans les deux premières heures de vie. Sa réserve ne sera pas utilisée et restera facilement disponible si le veau en a besoin pour combattre un léger froid ou un épisode de maladie dans les 3 premières semaines de vie.
Dans des conditions moins idéales où le veau naitra avec difficulté, ne sera pas séché rapidement MAIS quand même dans un environnement à plus de 13°C, sa réserve sera épuisée en moins de 18 heures. Si on ajoute un facteur stress de température par exemple, la réserve s’épuisera très rapidement car le veau perd beaucoup de sa chaleur étant donné son rapport surface de contact / poids très élevé.
Comme les besoins d’énergie d’entretien augmentent à mesure que la température environnante descend, il faut adapter la régie du veau. Au minimum, il faut s’assurer que non seulement les besoins de base soient couverts mais que le veau puisse toujours doubler son poids en 60 jours. Une règle générale veut que pour chaque 1°C en dessous de 0°C, le veau a besoin de 1.8% d’énergie supplémentaire. L’alimentation lactée permet plus facilement de fournir cette énergie supplémentaire.
Quelles sont donc les stratégies à favoriser pour combler les besoins de base, optimiser le gain de poids pré-sevrage et également s’assurer que la santé du veau ne sera pas affectée négativement par un manque d’énergie dans sa ration. En voici quelques-unes pour aider les veaux à faire face à nos hivers québécois.
Augmenter l'apport d'énergie par le lait
L’alimentation doit être ajustée afin de permettre d’obtenir les mêmes gains de poids en hiver comme en été. De façon générale, il est recommandé d’augmenter de 50% l’apport en énergie durant les mois d’hiver.
Augmenter la quantité de lait par repas
À l’intérieur des bâtiments d’élevage, lorsqu’il fait autour de 5 °C, offrez environ 1 litre supplémentaire de lactoremplaceur, soit 0,5 litre par repais. Si vos veaux sont à l’extérieur, lorsqu’il faut autour de -5 °C à -15 °C, offrez leur 1,6 à 2,25 litres de plus par jour. Si la grosseur des bouteilles limite la quantité que vous pouvez offrir aux veaux, l’achat de seaux à tétines pourrait être une option en s’assurant de bien les couvrir pour éviter une perte de chaleur rapide.
Augmenter la teneur en gras et protéine du lactoremplaceur
Il est important d’augmenter l’apport en gras pour fournir plus d’énergie.
Limiter l'impact de l'environnement
Même si on fournit toute l’énergie nécessaire pour aider les veaux à rester au chaud, il est important de limiter le plus possible l’effet du froid en s’assurant d’une bonne isolation.
Bien assécher les veaux
Des poils secs sont plus isolants que des poils mouillés.
Offrir du colostrum tiède le plus rapidement possible après la naissance
Offrir 3 à 4 litres de colostrum dans les 2 à 6 premières heures de vie afin d’éviter d’épuiser la réserve du gras du veau, de maximiser l’efficacité du système immunitaire et de réchauffer le veau.
Diminuer la perte de chaleur grâce à une couverture à veau
Il est recommandé d’utiliser les couvertures pendant un mois pour une température ambiante entre 5 et 10 °C et les utiliser pendant 2 mois lorsque la température est plus basse que 5 °C. Assurez-vous que le veau est sec et que la couverture est bien ajustée. Évitez de l’enlever durant une vague de froid intense.
Ajouter des lampes à infrarouge (lampes chauffantes)
Surtout utilisées en production porcine et avicole, ces lampes fonctionnent bien dans vos bâtiments d’élevage en autant de faire attention aux accidents qui pourraient briser l’ampoule. Celles-ci permettront aux veaux d’aller se réchauffer.
Offrir un lait suffisamment chaud et fournir de l’eau tiède
Offrir un liquide chaud ou tiède à vos veaux évitera que ceux-ci aillent à dépenser de l’énergie pour réchauffer le liquide qu’ils boivent. Bien lire les recommandations du fabricant quant à la température recommandée car une température trop élevée risque de dénaturer la protéine. Offrez de l’eau tiède, entre 15 et 20 °C, à vos veaux à raison de 2 fois par jour, particulièrement pour les niches installées à l’extérieur. Vous pouvez vous équiper de 2 chaudières par veau afin d’en laisser une dégeler pendant que l’autre est dehors.
Éviter de créer un refroidissement éolien
Assurez-vous que la vitesse de l’air ne dépasse 1 km/h à la hauteur des veaux. Laissez un espace minimal de 2 à 3 pieds entre un mur et un parc afin d’obtenir une meilleure circulation d’air. Cela vous permettra d’avoir une température de 8 °C, dans la niche, au-dessus de la température extérieure.
Offrir une litière sèche qui couvrira les pattes du veau lorsque couché
La litière isolera le veau du sol lorsque celui-ci est couché et réduira ainsi les pertes de chaleur. Une litière sèche et abondante réduira aussi la contamination bactérienne de l’air ambiant.
Le meilleur moyen de s’assurer que toutes les mesures nécessaires ont été prises consiste à prendre des mesures de taille régulièrement afin de s’assurer que le gain de poids permet de doubler le poids à la naissance à l’intérieur des 60 premiers jours.
Source : « Maximiser la croissance des génisses malgré le froid » Le Producteur de lait québécois. Janvier/Février 2016 : pages 24-26.
Source : « Même si on annonce un hiver plus doux que la normale ». André Roy. Directeur, productions spécialisée et ventes OptiBoeuf s.e.n.c Sollio Agriculture